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Communes Le grand nettoyage

Communes Le grand nettoyage

Source : la gazette du maroc | 27/02/2009

Il n'y a pas que Belkora. Depuis l'éviction du Maire de Meknès la purge continue.
Communes rurales, conseils municipaux, grandes, petites villes, tous sont concernés.
Il ne se passe plus un seul jour sans que le ministère de l'Intérieur, après enquête de son inspection générale, ne mette sur la touche un élu, un président, ou un bureau dans son ensemble.
Cela conforte l'opinion publique dans son jugement sans appel sur la gent élue :
« Tous pourris », non ce n'est pas vrai, même si les dysfonctionnements sont graves et paraissent inhérents au système. Le mode de scrutin, la balkanisation du champ politique, font du président un otage de sa majorité.
Majorité qu'il a généralement fabriquée soit en l'achetant directement, soit par la promesse de délégation de signatures, celle sur l'habitat étant la plus courue.
Dans cette ambiance, dans ce contexte, attendre des performances extraordinaires, une gestion clean relève de la mythologie. Même le fait de rendre le président inamovible, n'a pas amélioré les choses. C'est ce drame structurel qu'il faudra régler, au-delà de l'indispensable sanction des déviations avérées. La campagne d'assainissement actuelle peut être utilisée pour crédibiliser les institutions élues si elle s'accompagne d'une réflexion globale à la fois sur le mode de scrutin, mais aussi sur les alliances partisanes. Il n'est pas normal d'avoir des dizaines de listes dans un scrutin à la proportionnelle absolue. Il est aussi très important d'informer correctement le public sur le rôle des collectivités locales. Il faut que l'électeur sache que les compétences des élus couvrent tous les aspects de sa vie quotidienne et que la tendance est à l'élargissement de ces compétences. Cet aspect des choses n'est pas perçu correctement par les citoyens qui continuent à incriminer l'Etat pour les défaillances des élus. Le débat sur ces compétences est d'ailleurs escamoté. Les démocrates, où ceux qui se considèrent comme tels, se croient obligés de chanter les louanges de la décentralisation. Certains d'entre eux vont jusqu'à réclamer que les écoles et les hôpitaux passent aussi sous la coupe des collectivités locales, un raisonnement spécieux voudrait que cet élargissement attirerait « les bons candidats », alors que le problème est ailleurs. La dévolution des compétences n'a de sens que si elle s'accompagne de moyens financiers et humains adéquats. Or les communes qui ont besoin de tout, les communes rurales, ont des budgets ridicules. La fiscalité locale, unique, ce qui est un non-sens, connaît un taux de recouvrement des plus faibles. Enfin, la solidarité régionale, puis nationale, n'est pas assurée. Les relations entre la tutelle, l'Administration territoriale, et les instances élues, pourtant encadrées par la charte, sont rarement équilibrées. Ou c'est l'affrontement continu au détriment de la ville, où les élus jouent les comparses. Quand nous parlons de grand nettoyage, c'est cette remise à plat que nous visons, parce qu'elle est déterminante pour le devenir du pays. D'abord, parce que l'on peut affirmer, sans crainte du ridicule, que la situation actuelle nous coûte au bas mot deux points de croissance par an. Ensuite parce que la construction démocratique en souffre, que l'idée même de démocratie en perd son attrait pour les citoyens. Que vaut une démocratie boycottée par les électeurs ?