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Énergies renouvelables: Les investisseurs attendent un cadre réglementaire

Source : Le Matin | 11.05.2008


Une loi régissant le secteur devrait être adoptée fin 2008

Dans un contexte où les réserves mondiales du pétrole et de gaz naturel s'amenuisent et avec l'envolée des cours des matières premières qui plombent lourdement notre facture énergétique

Il est temps de tirer profit de l'expérience de pays qui ont réussi à développer des énergies renouvelables comme l'Allemagne qui a réalisé pour le solaire 1 million de mètres carré par an, à comparer avec le Maroc qui, malgré un meilleur ensoleillement, n'en réalise annuellement que 40.000. Pour rattraper ce retard, une stratégie énergétique nationale à plus long terme est en cours de réalisation. Il s'agit de tenir compte des ressources importantes renouvelables dont dispose notre pays et de prévoir le cadre légal nécessaire pour donner la visibilité aux investisseurs. Cette nouvelle politique peut être un vecteur du développement socioéconomique, en particulier pour le volet décentralisation ainsi que pour le milieu rural où là encore il faut se projeter à long terme pour réfléchir sur les besoins des paysans et des conditions requises pour freiner leur exode vers les villes par le développement d'activités génératrices de revenus.

Au moment où les choses se déroulent à grande vitesse dans le secteur des énergies renouvelables à l'étranger, chez nous malheureusement une lenteur persiste.
«Les investisseurs sont là, mais ils ne bougeront pas tant qu'il n'y a pas une réglementation qui les rassure. Cela ne suffit pas aussi, les acteurs économiques demandent la libéralisation du marché de l'électricité. Mais ce que nous voyons, c'est que cette réforme a été reportée plusieurs fois», indique un participant, présent à la 4e édition des Rencontres maroco-allemandes sur les énergies renouvelables, organisée du 6 au 8 mai par la Chambre allemande de commerce et d'industrie à Casablanca.

Ce rendez-vous a permis aux différents invités de faire le point sur la politique du gouvernement qui s'est fixé comme objectif d'augmenter la part des énergies renouvelables (ER) à 10% dans le bilan énergétique national et à 20% de la production électrique à l'horizon 2012. Il a été question aussi du projet de loi, un texte qui devrait être adopté à la fin de l'année et qui prévoit la transformation du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) en une Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et l'efficacité énergétique (ADEREE).

La réunion a été aussi l'occasion d'exposer les différents projets entre les deux pays en matière d'énergie propre, comme la participation de coopération technique allemande (GTZ) au projet «Promotion des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique» (PEREN). Autres actions communes avec les Allemands, la mise en place d'un projet de coopération intégrée notamment dans l'éolien avec le Land Schleschwig Holstein, la coopération avec l'université de Hambourg notamment sur le volet photovoltaïque, la préparation d'un «Master Plan Biomasse» en partenariat avec l'institut IFAS et des projets d'électrification rurale décentralisée avec l'université Kastle.

Cette quatrième édition a servi aux entreprises allemandes de présenter leur technologie. «Depuis 2000, notre pays s'est doté d'une loi sur les énergies renouvelables. Pour encourager le solaire, nous avons lancé un programme d'équipement pour 100 000 toits. Cette opération a permis au consommateur de devenir aussi producteur rémunéré par l'Etat.
Par ailleurs, chez nous, la production dans ce secteur s'est industrialisée, elle utilise des robots et contrôle le travail des machines en on-line», explique un professionnel allemand.

Dans l'avenir, personne ne pourra avoir une idée de ce que sera le prix du pétrole. En revanche, les industriels pourront maîtriser leurs coûts de production jusque en utilisant les technologies propres. «Si cette conférence avait eu lieu en Australie qui vient d'adopter une loi sur les énergies renouvelables, cette réunion aurait utilisé 70 % d'énergie renouvelable grâce à l'utilisation de notre produit et cela entraînera automatiquement une économie de 70% en énergies fossiles».
Chez nous aussi l'élan pour les énergies propres ne se dément pas, comme la création par le Centre régional d'investissement (CRI) de Casablanca d'un Kyoto Parc pour accueillir toutes les entreprises voulant investir dans ces énergies. Autre initiative, l'arrivée prochaine d'un Fonds pour le développement de l'énergie éolienne au Maroc associant la Banque européenne d'investissement (BEI) et l'Agence française de développement (AFD). Toujours pour l'éolien, on apprend que 14 sites réputés ventilés sur le territoire ont été certifiés. Pour ce qui est de l'hydraulique, 24 sites qui serviront à installer des microcentrales ont été répertoriés dans le cadre du projet pilote porté par l'Office national d'électricité (ONE). Autre programme, Promasol (chauffe-eau solaire) pour les hôtels et les établissements publics devrait aussi être généralisé.

Enfin les observateurs attendent les conclusions du rapport Mac Kensy commandé par le ministère de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement attendu pour ce mois de mai, pour se décider.


Réunion du Forum africain :
Après une première édition qui a réuni plus de 300 représentants de 27 pays, l'événement le plus important en Afrique du Nord, le Forum africain de l'énergie électrique, organise les 12 et 13 juin prochain à Marrakech son deuxième rendez-vous sur le thème « Efficiences énergétiques et énergies renouvelables ». Deux sujets d'une grande actualité aujourd'hui et dont le développement futur façonnera les stratégies énergétiques des pays africains. En se focalisant sur ces deux sujets, ce forum vise à cerner et à analyser les différents enjeux liés à ces mécanismes en commençant par la production et en passant par la distribution et la consommation.

L'objectif est d'identifier au terme de ces deux jours de la conférence les meilleures pratiques adaptables pour l'Afrique, les stratégies adéquates et les moyens nécessaires pour leur mise en place. En marge de cette édition, le comité organisateur décernera un trophée à la personnalité ou à l'institution qui sera distinguée par son travail et sa performance dans l'univers de l'énergie électrique en Afrique.


Rachid Tarik