Agriculture

Fondation Ardi: Le microcrédit pour les ruraux

Source : Le Matin | 19.04.2007


Une nouvelle dénomination, un nouveau logo et des ambitions nouvelles
La Fondation Ardi pour le microcrédit du Crédit Agricole a tous les atouts pour devenir l'acteur majeur de la microfinance en milieu rural. Désormais, sa nouvelle dénomination

La Fondation Ardi entre en effet dans une nouvelle ère avec la ferme ambition de devenir l'acteur incontournable et majeur de la microfinance en milieu rural. Elle possède tous les atouts pour l'être : maîtrise des spécificités du monde rural, octroi des crédits décentralisés, intégration des équipes dans leur environnement et adossement au Crédit Agricole du Maroc.

Sur ce dernier point, Tariq Sijilmassi, président du Crédit Agricole du Maroc et de la Fondation a tenu à exposer la bonne santé de l'établissement bancaire lors d'un point de presse tenu le 13 mars 2007. « Le CAM est en bonne santé. Son PNB est en progression, il s'installe à 1,68 milliard de DH. Le résultat d'exploitation dépasse les 800 millions de DH. Ce résultat est dû à l'agressivité commerciale et à la confiance du public», explique-t-il.

Les ressources clientèle ont atteint un chiffre de 35,8 milliards de DH alors qu'elles ne dépassaient pas les 14 milliards de DH en 2003. Quant à la part des créances, elle a été réduite de 45 à 25% : «Nous espérons la ramener à 10%», déclare Tariq Sijilmassi.

En 7 ans, cet établissement a allégé les créances des agriculteurs par l'abandon de 10 milliards de DH d'agios. Tout cela pour dire que le CAM est «sorti de ses difficultés et entré dans la cour des grands», assure-t-il. L'adossement à une institution bancaire a été ressenti au niveau de la Fondation Ardi. L'institution verte pour le microcrédit a financé à ce jour 350.000 agriculteurs. A fin 2006, elle comptait près de 35.000 clients pour un encours de 146 millions de DH.

Les prêts sont accordés à des groupes solidaires d'une moyenne de 5 personnes ou à des porteurs de projets individuels. Le montant des prêts est fixé à 1.000 DH minimum pour atteindre le plafond de 50.000 DH.

Le prêt individuel existe, mais il n'est accordé qu'au terme de quelques cycles de microcrédits solidaires. Généralement, son montant est plus important et la durée de remboursement est plus longue que celle du prêt solidaire. «Nous revenons en force vers le monde rural». Ce propos du président de la Fondation Ardi est loin d'être fortuit. «Nous avons classifié trois
grandes catégories d'agriculteurs».

Outre les agriculteurs bancables, quelque 660.000 autres pourront bénéficier de microcrédits, d'où la création au début de la Fondation Ardi.

En plus, quelque 800.000 agriculteurs seront financés par des minicrédits. Une offre qui comprend également un accompagnement (assistance, conseil). Disposant actuellement de 43 antennes régionales, la Fondation compte élargir son réseau pour atteindre 300 agences à l'horizon 2010, en couvrant les régions ciblées par l'INDH. A cette échéance, elle compte employer quelque 900 personnes, disposer d'un portefeuille de clients actifs qui dépasse les 200.000 et d'un encours d'environ 1 milliard de DH.

Pour accompagner la fondation dans la réalisation de ses ambitions, Abed Yacoubi Soussane, président de la MAMDA/MCMA, et Tariq Sijilmassi ont signé une convention le 13 mars portant sur l'affectation de 200 millions de DH à la Fondation Ardi. Cette somme sera débloquée sur trois ans. Le président de la MAMDA/MCMA et membre du directoire de la fondation Ardi a révélé une autre ambition, celle de la micro-assurance au profit des agriculteurs.



Retour vers le monde rural

Le PDG de la banque verte se plait à rappeler qu'il s'agit d'un double retour. D'abord vers le monde rural avec sa composante verte, mais, parallèlement, l'accession à notre part de marché naturelle, autour de 10% sur les métiers de banque universelle. Les bénéfices engrangés sur les métiers de la banque universelle permettent de financer l'implication de la banque dans le milieu rural et non l'inverse comme vécu par le passé. La vision passée attendait du monde rural qu'il soit source de bénéfices, mais aussi de subventions, chose impossible. Aujourd'hui, les bénéfices sont à chercher dans les activités traditionnelles de la banque. Par contre, la banque sociale, citoyenne, proche du monde rural, est la seconde banque.

La coexistence de ces deux banques est à envisager de manière parfois organiquement séparée. La banque reste la banque, alors que la Fondation Ardi est une structure à part, au même titre que Dar Al Fatah. Si on crée des sociétés de financement régionales, elles seront aussi séparées. L'actionnaire, demain en Bourse, doit avoir une rentabilité dans le Crédit Agricole, sans être obligé d'être impliqué dans le volet social qui reste du ressort de l'Etat.



Des cibles bien identifiées

Sans être une nouvelle approche, une lecture plus fine de la réalité du terrain a porté le CAM, en sa qualité de banque, à ne financer que les agriculteurs solvables selon les règles de Bank Al Maghrib. «Lorsqu'on fait le tour, on se rend à l'évidence que le nombre de ces agriculteurs ne peut dépasser 100.000, ayant une propriété immatriculée et, par extension, 300.000 que la banque peut atteindre. Il y a aussi une population petite par sa taille qui relève du microcrédit», précisait Tariq Sijilmassi lors d'un entretien accordé au Matin.

Selon lui, il reste enfin une population, estimée entre 700.000 à 800.000 exploitations, qui ne relève ni du ressort du microcrédit ni de celui de la banque. Pour cette population importante et socialement cruciale pour le pays, la banque s'efforce de trouver de nouvelles formules de financement. Dans ce sens, le CAM envisage de créer des sociétés de financement régionales que la banque proposera aux pouvoirs publics. Le mode de fonctionnement retenu est celui d'un financement conventionné avec l'Etat, intégrant le financement classique, garanti par un fonds de garantie à mettre en place, avec la subvention directe de la FDA et pourquoi pas d'autres formes de financement (INDH, Fonds Hassan II, ONG?.). «En plus de ce package, nous y rajouterons de la formation et de l'information», ajoutait le PDG.

Mohamed yacoubi