Agriculture
Olives : La marche vers la modernité
Source : Le Matin | 19.04.2007
L'exportation demeure la principale destination du secteur organisé
L'industrie de transformation de l'olive au Maroc revêt un intérêt particulier en raison de son ancrage dans les pratiques et traditions ancestrales. Actuellement l'olivier occu
Ce niveau de rendement reste en deçà du potentiel possible compte tenu des atouts dont dispose le Maroc pour la production de l'olive. Toutefois, la politique volontariste de l'Etat, notamment à travers le Plan oléicole national lancé en 1997, a largement contribué à l'augmentation des superficies exploitées. La variété 'Picholine Marocaine' domine le verger oléicole avec 96% du patrimoine national. Elle est destinée à la fois à la trituration et la conservation. Le reste est constitué d'autres variétés essentiellement destinées à la production de l'olive de conserve telles que la Meslala, Ascolana dura, Ascolana tenara et Manzanilla. On estime que la production de l'huile d'olive et celle de l'olive de conserve absorbent respectivement 70% et 30% de la production totale agricole.
L'appareil de production industrielle de l'olive de table dans le secteur formel est constitué de près de 65 unités de production installées principalement dans la région de Marrakech (31%) et de Fès-Meknès (20%). Entre 1996 et 2000, ces unités ont produit en moyenne près de 106.000 t avec un taux d'utilisation des capacités de production évalué à un peu moins de 48% (tableau 2). Selon le ministère du Commerce et de l'Industrie (2002),
l'approvisionnement des conserveries est assuré essentiellement par les moyens des achats directs par les entreprises elles-mêmes à hauteur de 50% des quantités traitées. Le recours aux intermédiaires se fait pour 43% des approvisionnements avec une dominance de courtiers travaillant pour le compte de l'entreprise en contrepartie d'une commission. Les autres modes d'approvisionnement tels que l'intégration et les contrats de culture ne sont pas assez fréquents. Pour le secteur informel, le problème de l'observation statistique est éminent en raison de la non déclaration de l'activité, d'une part, et de l'importance des procédés traditionnels destinés à l'autoconsommation, d'autre part.
Toutefois, il est possible d'estimer le volume des olives qui y sont transformées par le secteur informel en prenant en considération la production agricole des olives et la transformation industrielle. En effet, avec une moyenne de production de 500.000 t, une production industrielle des olives de conserve de près de 100.000 t, une production d'huile d'olive de 50.000 t en application d'un taux d'extraction de 16%, le tonnage des olives concerné par la transformation du secteur informel tournerait autour de 100.000 t. Il faut noter, cependant, que ce volume est donné à titre indicatif. Son appréciation ne peut être approchée d'une manière plus précise en absence d'une enquête exhaustive pouvant être entreprise dans toutes les régions de production.
Les olives transformées peuvent être noires, tournantes ou vertes. Le procédé de transformation peut alors différer. Pour une production moyenne des olives de conserve qui tourne autour de 90.000 à 100.000 t par an dans le secteur industriel, les deux tiers sont destinés à l'exportation. Le reste portant essentiellement sur les écarts de triage est écoulé dans le marché intérieur dont 90% sont commercialisés en vrac. La faiblesse des quantités conditionnées est due en grande partie à la concurrence déloyale du secteur informel et au système de taxation lié au conditionnement.
La valeur des exportations se chiffre en moyenne entre 700 et 800 millions de dirhams, soit près de 41% des exportations totales des fruits et légumes transformés. L'Union européenne (UE) demeure le principal client des olives de conserve marocaines dans le marché mondial. En 2001, les pays de l'UE ont absorbé près de 72,5% des quantités exportées avec la France comme principal client. Ils sont suivis par les USA et le Canada (17%), l'Allemagne et l'Italie. Les catégories d'olive les plus exportées sont les olives noires en récipients hermétiquement fermés ou en fûts ainsi que les olives vertes en fûts.
REPÈRES
Principales zones de production :
> la région du Nord : Chefchaouen, Tétouan, Taounat, Nador avec 31% et 18% respectivement de la superficie et de la production nationales,
> la région du Centre : Fès, Meknès, Taza, Sidi Kacem (20% et 21%),
> la région du Sud : Marrakech, Béni Mellal, Tadla, Kelâa des Seraghna (27% et 29%).
Opportunités et contraintes
Le secteur des olives de table présente des points forts susceptibles d'être exploités pour la promotion de la filière tout entière et notamment des exportations. Ces forces peuvent être perçus le long de la filière à travers :
- l'importance du potentiel de production eu égard aux possibilités d'amélioration de la productivité des vergers,
- l'importance de la superficie de l'oliveraie irriguée qui atteint près de 40% de la superficie totale implantée en olivier, ce qui permet d'avoir un levier de régulation de la production efficace,
- la disponibilité de la main-d'?uvre à coût réduit,
- l'accès libre aux principaux marchés d'écoulement à savoir l'UE et les USA et l'importance de la production destinée à l'exportation,
- la compétitivité de l'olive marocaine en termes de prix.
Les contraintes du secteur peuvent être techniques et commerciales et méritent donc une attention particulière afin de les lever dans une stratégie d'action visant le renforcement des opportunités présentées ci-dessus. Il s'agit notamment de :
- la concentration de la production sur une seule variété d'olive qui est la 'Picholine Marocaine' utilisée à la fois pour la production d'huile et d'olives de conserve,
- la faible productivité des oliveraies qui se répercute sur le niveau d'approvisionnement des conserveries surtout pendant les années de faible production agricole,
- la concurrence avec le sous-secteur de production de l'huile d'olive en ce qui concerne l'approvisionnement en matière première (l'olive),
- le faible niveau d'intégration des unités de production vers l'amont agricole,
- l'importance du secteur informel et ses effets négatifs sur la qualité et la réputation du produit national,
- le faible niveau de consommation interne qui se situe autour de 2 à 3 kg d'olives per capita,
- l'absence d'un système d'information efficace sur les marchés
- l'absence d'une stratégie claire et bien définie sur la promotion du produit national dans le marché international.
Toutes ces contraintes sont à la base de contre-performances du secteur de l'olive de table dans son ensemble. Elles se concrétisent à travers des formes d'adaptation peu stratégiques où l'activité informelle arrive à se maintenir, voire même à se développer. La souplesse du secteur informel et sa capacité d'ajustement en fonction de la gravité des contraintes sont dues aux données structurelles des unités de transformation impliquées et leur comportement relativement moins restrictif sur le marché.
Mohamed Yacoubi