Agriculture
Feu bactérien: Grande menace sur les pommes
Source : L'Economiste | 17.05.2008
. Après Meknès, nouveaux foyers détectés à El Hajeb et Sefrou
. Vigilance et suivi tous azimuts dans les zones à risque
Des pommes de couleur verte filtrant à rouge mais non encore arrivées à maturité interne, les marchés en regorgeaient l'année passée. Pourquoi a-t-on alors précipité la cueillette, au risque évident d'encourir des pertes au double titre du poids et de la qualité? Alors que ce fruit est surtout apprécié pour sa coloration et sa saveur sucrée. Cause en est la psychose qui s'est emparée des arboriculteurs de la première région productrice du Maroc, Meknès. Depuis l'apparition, en mai 2006, de la bactérie Erwinia, agent responsable du feu bactérien. La maladie a été détectée pour la première fois dans une exploitation de la commune rurale d'Aïn Orma. Elle s'était attaquée à toutes les espèces plantées dans cette ferme de 500 hectares et qui ne sont autres que le poirier, pommier et cognassier, plantes hôtes par excellence de la bactérie. Pour arrêter la propagation, pas moins de 43 ha ont été arrachés et brûlés. Car c'est le seul remède connu pour le moment. La menace a-t-elle été pour autant écartée? Absolument pas. La bactérie a gagné d'autres zones.
Plus éloignées encore du premier foyer, au demeurant responsable de son introduction. De manière frauduleuse, ceci s'entend! Car la plante hôte qui l'a véhiculée vers le verger marocain est interdite à l'importation. En raison de sa haute sensibilité à la bactérie. «Passe crassane» est la variété du poirier responsable de la menace qui guette nos plantations de rosacées. Depuis son apparition à Aïn Orma dans la région de Meknès, pourtant mise en quarantaine, le feu bactérien a gagné plusieurs foyers éparpillés entre de nombreuses zones si éloignées les unes des autres. Il a été détecté à El Hajeb, puis à Sefrou. A telle enseigne que la superficie touchée à la date du 12 mai est estimée à 280 ha de plantations arboricoles. Et la superficie arrachée et incinérée à ce jour dépasse les 50 ha. C'est que les vecteurs de dissémination sont aussi multiples qu'incontrôlables: dans la foulée sont cités les vents, la pluie, les oiseaux, les insectes ailés et non ailés ainsi que les outils de taille et de récolte.
. Initier les agriculteurs
C'est pourquoi la vigilance est hautement recommandée. Plus encore, la direction de la Protection des végétaux, mène, depuis la découverte des premiers foyers, un programme axé sur la prospection, le suivi et la sensibilisation des producteurs, pépiniéristes et associations professionnelles des régions concernées. S'appliquant aux ruchers, aux arboriculteurs et aux pépiniéristes, ainsi qu'aux détenteurs des espèces hôtes telles que l'aubépine, le cotonéaster et le pyracanthe, la réglementation adoptée pour la circonstance interdit aussi la circulation des ruches d'abeilles à l'intérieur des zones suspectées entre le 1er mars et le 15 juillet, période de floraison des espèces hôtes.
Sur le terrain, des équipes sont en tournée pour faire le diagnostic de la situation mais aussi initier les agriculteurs à reconnaître les symptômes de la maladie et agir par les bonnes pratiques de la coupe et de l'incinération. Et «la technique a fait ses preuves», rassure un responsable de la direction de la Protection des végétaux. Tout ce qui est recommandé est l'observation de la vigilance maximale. Surtout quand les températures se situent entre 10 et 24°C.
A. G.